Je m’intéresse, depuis un certain temps, aux méthodes artistiques utilisant des ressources naturelles, à savoir des matériaux n’ayant pas été assujettis aux nombreuses procédures de raffinement, processus permettant une certaine isolation des matières premières. Dans le monde de la céramique, ces pratiques se centralisent, entre autres, autour de la collection d’argile « sauvage »1 (wild clay), de la fabrication d’émaux utilisant une variété de cendres organiques et végétales2, de même que la confection d’émaux à partir de différents minéraux3. Quant à moi, ce sont les roches et minéraux qui ont suscité ma curiosité.
Plus précisément, ce sont les possibilités esthétiques offertes par l’utilisation de matériaux non raffinés qui a capté mon attention, à savoir les différentes textures, tonalités, irrégularités, et même cette imprédictibilité propres aux roches (voir les images ci-dessous). Et que, même dans sa robustesse, la pierre puisse devenir un émail aux propriétés éphémères, exprimant une sorte de fragilité, personnalité et beauté unique et inégalable. Par ailleurs, je crois que mon intérêt pour ce type d’émail provient également du fait que l’utilisation d’émaux rocheux dans un four électrique ouvre les possibilités de produire, parfois, des résultats se rapprochant de ceux produits lors d’une cuisson au bois, à la soudre, ou au sel. Ainsi, ce type d’approche se présente comme étant particulièrement intéressant pour les artistes dont les circonstances les limites à l’utilisation d’un four électrique – cherchant possiblement une apparence plus « rustique ».
D’une certaine façon, l’objectif de ce projet n’est pas tant de reproduire les finitions retrouvées dans les émaux commerciaux, mais bien de recevoir ce que la nature offre, tout en lui donnant un nouveau corps, un nouveau sens. Autrement dit, de laisser la roche « parler pour elle-même ». Cela dit, je crois qu’il serait intéressant, pour un futur projet, d’effectuer des analyses chimiques afin de mieux cerner les caractéristiques des roches, à savoir leur composition chimique. Cette étape permettrait notamment de comprendre comment ces dernières peuvent être transformées en glaçures durables et fonctionnelles, mais également d’anticiper les possibilités quant à leurs textures et tonalités.
Un petit ensemble de glaçures fait à partir de roche (été 2023).
Une série sur les émaux de roche
Les publications qui suivront celle-ci documenteront mes expériences de fabrication de glaçure en utilisant, comme ingrédient principal, des roches ayant été collectées pendant l’été 2023, traitées à l’automne 2023 et préparées pour la cuisson au début de l’hiver 2023/2024.
Cette série comprendra :
- Un aperçu des méthodes de traitement permettant de transformer les roches en poudre fine ;
- Une réflexion sur les potentialités des roches à devenir des glaçures en tournant notre regard vers la géologie ;
- Une discussion des différentes recettes d’émail ;
- Et, de toute évidence, de nombreuses vidéos et photographies des résultats obtenus.
Je vous laisse avec un aperçu des 15 roches qui ont été utilisées lors de ces expériences.















Merci et à bientôt !
N
- Levy, M., Shibata, T. et Shibata, H. (2022). Wild Clay: Creating ceramics and glazes from natural and found resources. Bloomsbury Publishing. ↩︎
- De Montmollin, D. et Buté, P. (2020). Pratique des émaux de grès: Minéraux et cendres végétales. Ateliers d’art de France. ↩︎
- Sutherland, B. et Wood, N. (2006). Glazes from Natural Sources (2 edition). University of Pennsylvania Press. ↩︎
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